Tournoi Poker : Quand faire tapis ?

Dans 95% des tournois que vous jouerez, vous vous retrouverez à devoir survivre avec un tapis faible, en dessous de 25 BB. C'est ce que l'on appelle le jeu short stack. Savoir naviguer correctement dans ce palier est une compétence primordiale pour devenir un joueur de tournoi gagnant.

Poker-fr vous délivre quelques précieux conseils qui vous permettront de vous en sortir et de prendre un avantage sur vos adversaire. 

Bien appliquer les tableaux de push or fold

Les tableaux de push or fold que l'on appelle aussi tables de Nash ou encore Equilibrium de Nash ont été conçues par le grand mathématicien John Forbes Nash dans le but de définir avec quelles mains il était profitable de faire tapis en fonction du stack effectif et de la position des joueurs à la table. C'est un outil que tous les joueurs confirmés de tournois utilisent et que vous pouvez garder près de vous pendant votre session.

Cliquez ici pour découvrir les tableaux complets de push or fold.

Pour l'utiliser, c'est très simple : 
 

Nous sommes sur une table de 6 Max, Button3 représente donc la position UTG. Imaginons que vous soyez au bouton avec un stack de 6 BB environ. vous avez KTo et vous voulez savoir si vous devez faire tapis ou non. On regarde donc à la ligne "6 bb" et colonne "Button". Les tables nous préconisent de faire tapis avec K7o+. KTo étant meilleure que K7o, nous devons faire tapis.

Cela peut paraître très simple mais cela peut se compliquer en fonction des situations suivantes : 
> Les antes : Plus les antes sont importants et plus vous devrez élargir votre range de push. Dans le lien précédemment cité, chaque feuillet du document google sheets correspond à un % d'ante différent. Attention à bien parcourir celui qui correspond à votre situation. 
> Les joueurs à votre gauche ont moins de jetons que vous : Dans notre exemple précédent, si la SB et la BB on moins de jetons que vous, il faudra appliquer les tableaux à la ligne correspondant au plus gros stack parmi les deux joueurs à votre gauche (cf stack effectif).
> L'ICM (Independant Chip Model) : C'est une notion compliquée mais pour faire simple, lorsque que vous êtes proche de la bulle, c'est à dire des places payées ou bien que vous êtes en table finale et que les paliers sont énormes, appliquer une range plus serrée pour grappiller des places est une option plus rentable sur le long terme.
 

Savoir avec quelles mains call un push

Lorsqu'un joueur short stack fait tapis et que vous ne savez pas si vous devez call, il faut appliquer une range légèrement plus serrée que Nash.

Dans notre exemple précédent, imaginons que vous soyez en BB avec KTo et que vilain push avec 6 BB. Grâce au tableau de Nash vous savez avec quelles mains il est censé faire cela et KTo domine une grande partie de sa range. Call est donc probablement une bonne décision.

Il y a toute fois plusieurs autres paramètres à prendre en compte dans cette situation : 
> Les antes : comme dans la situation où vous faites tapis, la valeur des antes va déterminer la range de push de votre adversaire. 
> Le profil du joueur ayant fait tapis : Il faut se demander s'il applique les tables de Nash ou bien s'il push plus ou moins serré que les tables pour s'adapter en fonction de la situation. 
> Votre position : Si vous n'êtes pas en BB, des joueurs vont pouvoir parler après vous. Si l'un d'entre eux à plus de jetons que vous, alors call le tapis du joueur ayant misé en premier peut s'avérer être un risque trop important si un joueur après vous refait tapis par dessus. 
> Le Bounty : Dans les tournois KO, la prime sur la tête de chaque joueur s'appelle un Bounty et représente des jetons qu'il faut rajouter à son stack pour bien appliquer les tables de Nash. Pour faire ce calcul voici la formule à appliquer : Bounty en jetons = "Bounty actuel de vilain" x "jetons de départ" / "Bounty de départ". 
Vous rajoutez ensuite le nombre obtenu au stack de vilain. 

Pour bien appliquer ces deux notions, nous vous conseillons l'application mobile gratuite SnapShove .
 

Mettre la pression sur vos adversaires avec le Resteal

Le resteal est une stratégie avancée assez risquée mais très efficace qui s'applique principalement en "late position", du bouton jusqu'à la BB et qui consiste à faire tapis avec un certain type de mains, lorsqu'un joueur également en late position à relancer avant vous. 

Prenons un exemple concret pour illustrer cette situation : Vous êtes en SB avec 22 BB et vous recevez A7o. Le joueur au bouton relance 2,5BB et il possède un tapis de 35BB.
=> Si vous payez, vous allez investir une partie non négligeable de votre stack, hors position avec une main qui sera potentiellement difficile à manoeuvrer post flop avec le risque que la BB décide de squeeze (sur-relancer) voire même faire tapis. 
=> Si vous vous couchez, vous laissez l'opportunité au joueur au bouton de relancer beaucoup de mains et de voler les blinds très facilement. 
=> Si vous décidez de sur-relancer un montant moyen de 8 BB par exemple, vous vous exposez à une 4 bet de la BB ou du bouton, que vous ne pourrez pas suivre avec la faiblesse de votre main.

La meilleure solution peut donc être de faire tapis. Vous mettrez alors vos adversaires dans une situation délicate puisqu'ils ne pourront suivre qu'avec des mains décentes contre lesquelles vous aurez une équité correcte. Ils vont donc très souvent se coucher et devront, par la suite, éviter d'essayer de voler les blinds avec des mains moyennes.

Attention tout de même à ne pas faire n'importe quoi. Construire une range de resteal cohérente est très compliquée car cela dépend du profil du joueur ayant relancé, de vos positions et stacks respectifs. C'est une stratégie avancée qui demande l'expertise d'un coach.

Conclusion

Maîtriser le jeu short stack est une compétence essentielle pour un joueur de tournoi car c'est une situation récurrente, qui demande une grande capacité d'adaptation. Heureusement, plusieurs outils ont été développés (Tables de Nash, SnapShove, ICMizer) pour nous faciliter la tâche.