09 juin, 2020 Cortex

Battre la variance au poker

la variance au poker

En mathématiques, la variance est une grandeur qui mesure la dispersion des valeurs d'un échantillon ou d'une distribution de probabilité. Autrement dit, c'est l'écart entre les valeurs mesurées et les valeurs espérées. 
Imaginons par exemple que vous jouiez à pile ou face avec un ami. Lorsque la pièce retombe côté pile vous gagnez, côté face, vous perdez. Vous avez donc 1 chance sur 2 de gagner, soit une probabilité de 50% ou encore 0,5. En théorie, si vous effectuez 10 lancers, vous devriez gagner 5 fois. La partie se déroule et sur les 10 lancers vous n'avez gagné que 3 fois, soit un écart de 40% par rapport au résultat attendu.
C'est cet écart entre le nombre de victoires que vous auriez dû obtenir et le nombre effectivement obtenu que l'on appelle la variance. 

Le poker étant un jeu de stratégie dans lequel le hasard prend une place très importante, la variance a donc un impact très important et peut se matérialiser de façon multiple.

Le bad beat

C'est probablement la matérialisation de la variance la plus connue au poker car c'est aussi la plus brutale. Le bad beat se produit lorsque vous faites tapis avant la river, que votre adversaire suit avec une main beaucoup plus faible que vous mais qui pouvait encore gagner et touche la carte qui vous fait perdre tout votre stack river. 

exemple 1: Vous faites tapis préflop avec AA, votre adversaire suit avec JJ et vous bat à l'abattage en touchant brelan ou autre. 

Le set up

Moins évident que le bad beat, le set up se produit lorsque vous avez une main très forte et que votre adversaire montre une main encore plus forte. Ce qui peut porter à confusion c'est le fait que lorsque l'on est victime d'un set up, on peut toujours se demander si on aurait pas put se coucher avant et si le set up n'était pas, d'une manière ou d'une autre évitable.

exemple : Vous faites tapis avec QQ sur un flop QTT et votre adversaire call avec TT. 

Les mauvais timings

La différence entre un good run et un bad run n'est pas forcément restreinte aux cas cités précédemment. Il arrive parfois, pendant une période relativement longue, d'enchaîner les mauvais timings. Les bluffs qui passent d'habitudes et qui sont normalement profitables ne passent pas, idem pour les hero call. Cette forme de variance est encore plus compliquée à gérer car elle peut inciter à remettre toute une stratégie en question alors qu'il ne s'agit parfois que d'une mauvaise série. 

Quelques soient les formes de variance dont un joueur de poker peut être la victime, il y a plusieurs stratégies à adopter pour limiter l'impact de cette variance dans votre jeu.

Le multi-tabling

Revenons à notre exemple du pile ou face mais cette fois vous lancez la pièce mille fois. Il sera alors très peu probable d'avoir un écart de 40% en ne gagnant que 300 fois sur mille. 
Si l'on ramène cet exemple au poker, cela veut dire que plus vous jouerez un nombre de mains élevé, et plus la variance sera lissée et les probabilité respectées. Pour faire le plus grand nombre de mains le plus rapidement possible, il faut jouer plusieurs tables en même temps. Cela peut paraître difficile, mais sachez que les joueurs pros peuvent jouer entre 6 et 16 tables simultanément voir même plus pour certains cas extrêmes. 
Pour multi-tabler plus facilement, il existe des outils informatiques appelés trackers, qui permettent d'afficher les stats de vos adversaires en tant réels. 

Article conseillé : Utiliser un tracker pour gagner au poker

Bien choisir ses tournois

Si vous jouez en tournoi, le choix des formats et des fields aura un impact important sur la variance à laquelle vous allez être soumis. 

  • Plus il y a de joueurs inscrits au tournoi et plus il sera difficile d'aller chercher une place bien récompensée. Certes les prizepools sont souvent très attirants mais la probabilité de le remporter étant tellement moindre, même pour un excellent joueur, que vous pouvez attendre très longtemps avant de voir votre bankroll décoller. L'idéal est de mixer les fields en jouant un ou deux gros tournois à côté de plusieurs petits tournois. 
  • Plus le format est rapide, plus les stacks effectifs sont petits rapidement et plus vite vous devrez faire tapis pour ne pas mourir (article conseillé : Quand faire tapis) et donc subir la loi du hasard plus souvent. Là encore, la règle d'or est de mixer les formats entre les tournois rapides (Turbo ou semi-turbo) et les tournois plus lents (deepstacks). 

Mixer sa stratégie

Plus votre stratégie est portée vers l'agressivité, et plus vous serez soumis à de gros swings. En variant votre jeu, en équilibrant votre façon de jouer c'est à dire en jouant vos mains fortes agressivement parfois et passivement d'autre fois comme vos bluffs, en plus de masquer votre jeu, vous limiterez l'impact de la variance dans vos résultats puisque vous engagerez moins souvent une grande partie de vos jetons.
Ne devenez pas trop passif non plus car là vous deviendrez tout simplement perdant, quelque soit la variance que vous subissez.

Article conseillé : Pourquoi miser au poker 

Pour finir, n'oubliez pas que la variance peut aussi être positive et que notre cerveau a tendance à ne retenir que ses impacts négatifs. Evitez donc d'être "result oriented", revoyez vos mains à froid avec un oeil objectif afin d'éviter qu'un période difficile ne vous emporte vers le tilt.